Sur les hauteurs de Gruissan, dans le massif de la Clape, se niche un trésor, la chapelle Notre-Dame Des Auzils. Elle est blottie dans un écrin de nature, abritée des vents.
Pour y parvenir, vous longez le cimetière marin baptisé « allée des naufragés ». Ce lieu, unique au monde, a été imaginé par des habitants profondément attachés à leurs traditions. L’esprit du sud plane ici. Et vous accompagne pour une balade qui va vous saisir le cœur.
Le jardin de l’ermite
Le jardin de l’ermite offre une halte bienvenue aux promeneurs qui souhaitent profiter de la fraîcheur de cette oasis dans la Clape. Une source alimente toute l’année les espèces méditerranéennes de ce jardin. C’est là que vivaient des hommes qui avaient fait vœu de consacrer leur vie à accueillir et guider les passants dans cette nature âpre et belle. Ils vivaient en autarcie.
Leurs noms : Antoine SUDRE (1655), Blaise CAMP (1666), Frère MICHEL (1745), Louis BADIE (1783), et le dernier Ermite, Michel Cyprien, qui s’est éteint en 1888 et qui a laissé des traces de sa présence comme une maisonnette ou un jardin d’agrément.
Ouverture de la chapelle
Le cimetière marin
Ce cimetière marin dont les cénotaphes (tombes sans corps) égrènent les noms des hommes, jeunes pour la plupart, perdus en mer, est appelé l’allée des naufragés.
Les récits de leurs mésaventures nous parlent de mers lointaines où ils sont partis chercher fortune. Ils ont affronté les périls de la navigation, les tempêtes et les attaques des pirates, mais ne sont malheureusement pas toujours revenus pour raconter leurs exploits à leur famille.
Ce sont ces mêmes familles qui ont fait ériger les monuments pour que le souvenir de leurs proches disparus se perpétue à jamais.
Bon à savoir
Il y a 27 cénotaphes dont le plus ancien date de 1844.
Beaucoup de cénotaphes ont la mention P.P.L. (Priez Pour Lui) qui apparaît sur la pierre qui le compose. C’est bien sûr une invitation au recueillement, à la prière. Et si le cœur vous en dit, vous pouvez même déposer quelques fleurs.
La chapelle des Auzils
Quelques centaines de mètres plus haut, Notre Dame des Auzils protège le village. À l’abri des pins, bercés par le chant des cigales, la chapelle vous ouvre ses portes et vous fait pénétrer dans un monde peuplé de souvenirs et de mystères.
Elle vous dévoile les tableaux et objets offerts par les marins et pêcheurs gruissanais à Notre-Dame des Auzils, cette Vierge de Bon Secours qui les protégeait. Si vous suivez la visite organisée par l’Office de Tourisme, votre guide vous fera remarquer les détails et anecdotes liés à ces tableaux.
Pour les loulous
Les drapeaux qui ornent la voûte de la chapelle sont ceux des codes de signalisation maritime. Si vous connaissez la lettre associée à chaque drapeau, vous pourrez faire deviner à vos enfants la phrase « suspendue » !
L’histoire de la chapelle
En 1080, les Moines de l’abbaye de Cassan (Hérault), installent un prieuré dans la Clape.
Ils accueillent les voyageurs qui parcourent à pied l’inhospitalier massif de la Clape. Le nom « Dame dals Auzils » est donné en 1223, lorsque les religieux de Boulboune, dans l’Ariège, achètent le prieuré.
L’actuelle chapelle semblerait avoir été construite en 1635. Depuis, elle a été maintes fois rénovée et a rencontré de nombreux problèmes.
Ce que dit la légende
À la première construction s’attache aussi une légende. On raconte que la construction de l’édifice fut commencée à diverses reprises au fond du vallon qu’il domine actuellement.
Mais, à mesure que l’ouvrage avançait, on le retrouvait démoli, et la Statue de la Vierge était chaque fois mystérieusement portée sur l’emplacement actuel, marquant naturellement la place où devait s’élever le sanctuaire. S’agissait-il d’une intervention divine ?
Un ex-voto est un tableau, plaque ou objet déposé dans un sanctuaire à la mémoire d’un vœu fait. Les activités liées à la mer, lieu de tous les périls, ont souvent suscité ce genre de réalisations. Les marins en perdition implorent l’aide du ciel. Une fois revenus à terre, ils offrent, comme c’est le cas à la chapelle des Auzils, des petits tableaux, des plaques gravées ou des maquettes de bateaux.
Le plus ancien ex-voto présent à Notre Dame des Auzils date de 1816.
On distingue :
Ex-voto gratulatoire : dont le but est de remercier après un sauvetage
Ex-voto propitiatoire : qu’on offrait avant un danger que l’on redoutait (avant un voyage lointain)
Le saviez-vous ?
Approchez-vous… plus près ! Vous ne voyez rien ? Les ex-voto sont reproduits en trompe l’œil sur les murs de la chapelle depuis le vol des originaux en 1967. Dans la nuit du 21 au 22 juillet, la porte de la chapelle est fracturée et une cinquantaine d’ex-voto est volée, amputant le patrimoine. Ce drame bouleverse les Gruissanais.
C’est grâce à Monsieur l’Abbé PAUC, conservateur des antiquités du département, et curé de la paroisse de Gruissan, qui avait pris soin de photographier les ex-voto avant le vol que les reproductions vont pouvoir être faites. M. CASSIN, restaurateur aux monuments historiques reproduit les ex-voto et peint directement sur les murs de la chapelle. L’illusion est parfaite et les ex-voto inviolables. En 1981, tous les Gruissanais sont au rendez-vous pour inaugurer la chapelle rénovée. Notre Dame des Auzils a enfin retrouvé sa beauté d’antan, 73 ex-voto et 27 maquettes sont à nouveau en place.
Le peintre s’est amusé à glisser des détails insolites sur les murs, saurez-vous les trouver ?
Les pèlerinages
Le lundi de Pâques, les pèlerins allaient rendre hommage aux marins disparus en mer. Cette tradition a commencé en 1797 après la disparition de 32 marins, le 28 février de cette même année, à cause d’une terrible tempête.
Lors du lundi de Pentecôte, le pèlerinage se faisait pour remercier Notre Dame des Auzils d’avoir mis fin à l’épidémie de choléra qui fit 94 victimes en 1835.
Autrefois, les pèlerins venaient de Gruissan et des alentours, et montaient à pied jusqu’à la chapelle, rendant hommage à chaque cénotaphe. Les pêcheurs avaient l’honneur de porter la croix du Christ en bois, remplie de sable et de pierres. Les pèlerinages étaient toujours très gais et assez folkloriques.
Aujourd’hui, ces pèlerinages sont encore suivis par les fidèles, celui de Pâques étant le plus emblématique du village.