Le village de Gruissan

Gruissan est l’un des plus beaux villages de France avec sa célèbre Tour Barberousse. Nous avons tous en tête cette carte postale indétrônable lorsque nous arrivons de Narbonne : celle d’un village posé sur l’eau entre lagunes, Méditerranée et garrigues. 

La construction du village

Le village est construit en circulade. Les ruelles s’enroulent autour de la Tour Barberousse, comme un escargot. Les villages circulaires apparaissent vers l’an 1000 en Languedoc. Une telle construction répondait en fait à une logique de défense. Le village pouvait être plus aisément fermé en cas d’attaque. La forme d’un escargot est un piège pour les envahisseurs qui s’engouffrent dans les rues et ne peuvent pas faire demi-tour. Le village comportait deux portes (l’une vers la source de l’Ile Saint-Martin et l’autre vers Narbonne) et il était entouré d’un rempart mais celui-ci sera détruit au 19^ème siècle quand le village s’agrandit.

D’où vient le nom « Gruissan »

Il remonte probablement à l’époque romaine. Les terminaisons sont les mêmes pour de nombreux villages du Languedoc (-ssan : Armissan, Vinassan, Coursan, Nissan…). Un vétéran de l’armée romaine, propriétaire (ici, probablement nommée Grussius), a donné son nom à son domaine (Grussianum) qui avec le temps, est devenu Gruissan

Gruissan à l’origine

Le littoral est apparu autour du 1er siècle avant JC, ce qui signifie que la mer entrait à l’intérieur des terres formant un immense golfe. Ce dernier était ouvert sur la mer et arrivait au pied de Narbonne. Le golfe était parsemé de plusieurs iles : La Clape (aujourd’hui une montagne) était la plus grande de toutes,  l’Ile Saint-Martin, le rocher de Gruissan, etc. 

Le fleuve Aude se jetait alors dans ce golfe et transportait de nombreux éléments arrachés aux Pyrénées qui se sont déposés petit à petit. Avec le temps, le golfe s’est lentement rempli, puis il s’est fermé et les îles se sont reliées entre elles. 

Ce long processus a commencé dans l’Antiquité et a continué tout au long de la période médiévale. Ce qui signifie que durant la plus grande partie du Moyen-âge, Gruissan était une ile accessible uniquement par bateau. 

Le port de Narbonne

Les épaves des bateaux romains (retrouvées à Mateille) prouvent que Gruissan était utilisé comme un port pour les colonies romaines de Narbonne. La ville de Narbonne était extrêmement riche et les romaines l’appelaient d’ailleurs, « la petite fille de Rome hors d’Italie ». 

Gruissan est le seul village circulaire du littoral méditerranéen.

Le site archéologique de l’Ile Saint-Martin a mis à jour d’importants vestiges qui témoignent d’une activité économique. Un grand bâtiment public construit au tout début du I^er siècle ap. J.-C., ce vaste édifice de 2500 m² constituait le centre administratif et commercial du site. Mais la découverte la plus remarquable lors de cette campagne est celle d’une grande tour. Il s’agissait sans doute d’un phare guidant les navires pour entrer dans la lagune et rejoindre le port. Au pied de cette tour, deux grandes citernes très bien conservées permettaient de disposer en permanence d’une réserve d’eau douce, pour les bateaux qui devaient reprendre la mer. Ces nouvelles découvertes ont donc confirmé la vocation portuaire du site de Saint-Martin et son rôle stratégique dans l’organisation du système portuaire de Narbonne. 

Le château

À l’époque médiévale, du 11^ème siècle après JC, les habitants se sont installés au pied du rocher sur lequel se trouve une petite forteresse défensive. Le château comportait 3 tours avec un chemin de ronde, des bâtiments, une prison, une citerne, une chapelle… 

Pourquoi construire un château ? Pour protéger la ville de Narbonne qui était très riche à l’époque médiévale grâce au siège de l’Archevêque. Narbonne devait défendre son accès depuis la terre ET la mer, encore plus dangereux à cause des pirates. Depuis Gruissan, les soldats des archevêques pouvaient surveiller la mer et alerter Narbonne en cas de danger et occasionnellement, repousser les envahisseurs. Au 13^ème siècle, le château sera utilisé comme partie du système de défense de la frontière française. 

Barberousse

La Tour Barberousse 

C’est la seule tour du château à avoir survécu à la destruction. Elle a été construite entre 1245-1247 par l’Archevêque Guillaume de Broa pour défendre les frontières du royaume français. 

Le château a été endommagé durant les guerres de la Ligue Catholique et de la Fronde. Louis XIII a décidé de détruire cette forteresse en représailles de seigneurs locaux qui avaient mis la région à sac. De plus, elle était devenue inutile à cause du changement de techniques militaires. Le château est démantelé et les pierres réutilisées pour construire des maisons du village.

La légende de Barberousse 

Barberousse était un corsaire (car mandaté pour un souverain) qui vivait au 16ème siècle. Il était le 1er amiral de la flotte Ottomane, roi d’Alger, commandant de centaines de navires à travers la Méditerranée. Il était redouté partout, cruel et sans pitié. Mais il n’est jamais venu dans le Languedoc selon les archives ! Il est mort en 1546, soit 300 ans après la construction de notre célèbre tour. 

Un seigneur local, Gaspard DOT, surnommé Barberoussette, est mentionné dans les archives. Il vient défendre Gruissan lors des guerres de la Ligue pendant lesquelles la tour Barberousse a été construite.